'Qu'on put apporter les dernières élections françaises de 2002 ? ' (écrit en avril 2001, retouché en avril 2002, après le 1er tour des Présidentielles, puis le 09 mai 2002)

A. Etat des lieux (revisité le 09 mai 2002)
B. L’arrière fond international et sociétal
C. La question du libéralisme.
D. Comment plus protéger, rendre mieux la justice et être plus solidaire ?
E. Que peuvent apporter les prochaines élections ?

A. Etat des lieux (avril 2001-mai 2002)

Il y a un an, en avril 2000, rien ne s’opposait, aux yeux de la gauche, mais aussi à mes propres yeux -les socialistes ne faisant pas plus de bêtises que d’autres, à ce que les prochaines élections ne leur soient pas défavorables.
Bien sûr les triangulaires avec le Fn les avaient beaucoup aidés comme le disait la droite, même si les écueils qu'étaient les taxes diverses et variées, les retraites, la santé, les violences urbaines et scolaires pesaient.

Mais ces dits écueils apparaissaient beaucoup plus aux yeux de l’opinion de gauche comme étant des scories ou des jérémiades, l'insécurité un "sentiment" tout au plus. Je pensais le contraire. Mais comme ils avaient gagné en 1997 et comme j'avais sous-estimé les triangulaires je croyais que la classe moyenne supérieure qui avait voté à droite en 1986 était revenue au bercail.

Or ce que je ne voyais pas, du moins partiellement c'est l'électorat populaire qui filait de plus en plus vers les extrêmes. Je dis partiellement parce que la montée du FN était visible. Celle de l'extrême gauche aussi. Mais la violence à Seattle m'a surpris et je ne l'avais pas vu monter sous la forme de l'antimondialisation, quoique cela sentait en France depuis l'énorme grève de 1995 qui marqua la fin des années fric et mode 80 et 90.

Mais il ne s'agissait pas encore d'un véritable obstacle s'il y avait volonté réelle de réformes. De plus la croissance, malgré le 11 septembre, restait en constante palpable, malgré le yo-yo boursier qui au fond n'est pas dupe de sa spéculation et sanctionne toujours à terme tout ce qui n'a pas, aussi, une assise dans le réel externe.

Les choses pouvaient dans ce cas fort bien s'améliorer pour les socialistes malgré le résultat médiocre des municipales qui surgit beaucoup plus d'une juxtaposition agrégative de micro situations que d'un net rejet doctrinal. Surtout s'ils savaient se renouveler. Lyon et Paris avaient été d'ailleurs gagné. Et puis le clientélisme électoral pouvait toujours arrondir les angles.

Tandis que la droite traditionnelle ne représentait pas une réelle alternative nationale, par exemple sur la réforme de l'Etat et la baisse des impôts puisque les gouvernements Balladur et Juppé n'avaient pas fait mieux du fait de l'énorme déficit laissé par les socialistes.

Chacun donc admettait, de plus en plus, et bon gré mal gré, de voir les socialistes, et leur nouvel allié Vert, au pouvoir pour au moins dix ans et plus encore si affinité.

Et puis patatras ! plusieurs données que je croyais enterrées ou du moins paralysées par les triangulaires ressurgirent : la gabegie ne passe pas, le fossé se creuse devant la modernité extrême s'expurgeant de la tv réalité, le sociétal ne suffit pas pour pallier aux méandres des failles sociales, comme le remarquent les commentateurs sérieux, ceux du Point par exemple.

J'ai sous-estimé cette crise. Je pensais vraiment que les volontés qui avaient fait monter le FN, descendre le PC, alimenter l'abstention, s'étaient dispersées et annihilées faute de répondant politique. L'élimination de Jospin fut une réponse cinglante du réel aux atermoiements tactiques et aux manques de perspectives stratégiques.

*

Ce que j'aimerais tout d'abord démontrer ici consistera à repartir du début et déjà en comprenant comment les socialistes ont pu se construire leur image actuelle de “gagnants”. Mais aussi comment ont-ils pu être victimes de la culpabilité de certains soixante huitards chanceux mais honteux cependant de gagner des sous et jurant de voter ultra gauche et/ou Verts, et/ou Motivé-e-s au premier tour mais toujours socialiste au second. Ils n'en eurent pas le temps après le 21 avril. (D'où la furie d'un front antifasciste qui tentait de rattraper le temps perdu).

Je me demanderai ensuite quels sont les problèmes essentiels qui mériteraient un traitement autrement complexe que la dichotomie habituelle gauche droite, nécessaire, mais d'autant moins suffisante qu'elle apporte de mauvaises réponses à de bonnes questions.

Commençons par l'effet de perspective.

B. L’arrière fond international et sociétal.

Il semble bien tout d'abord que le discours politique qui sait donner corps à une arrivée, durable, au pouvoir, puise toujours et au préalable ses sources, dans la symbolique de valeurs fondatrices. Surtout en France.

Les ex-futur-néo communistes se sont par exemple construits leur parfum avec les effluves de 17 tout en reprenant le drapeau de la Commune. Ils ont connu leur apogée dans la Résistance.
Mais ils se sont ensuite heurtés à l'intimisme hédoniste des années 60.
C'est-à-dire prosaïquement au monde symbolique des Beatles, Stones et Nouvelle Vague. Sex and Sun.
Tout un univers berçant les nouvelles générations issues de l'après Tabou, St Germain and co, lassées existentiellement du pseudo “plus” des années 60 tissé uniquement de métro boulot dodo club Med + vraie vie à la retraite.
L'Est même, -malgré les espoirs autour de Cuba, l'Algérie, la Chine, le Vietnam, était une galéjade, et d’autant plus hypothétique après 68 qu’elle tenait debout essentiellement par la destruction de tout, même du rire, (les Talibans et autres salafistes sont très forts là dedans aussi). Tandis que sa pollution, inégalée, de l’environnement, donnait l'illusion d'imiter la “ société de consommation “. Alors qu'ils en n'avaient que le (petit) négatif : la suie, les crasses à tous les étages.

La guerre d’Algérie et même la guerre du Vietnam n’ont pu aider les communistes à remonter leur chute qui démarre en 68 (malgré le sommeil électoral atteint en 1973) lorsqu'ils préfèrèrent le statu quo (exigé de toute façon par Moscou) à une réforme en profondeur et qualitative, et finit en 89.
Ils s’écroulèrent en effet en même temps que leur ligne Maginot, puissance mille, mur de Berlin : il implosa deux siècles après la Révolution Française.
17 en avait au fond et seulement amplifié l’immonde. Celle de la Terreur et des cinq cent mille vendéens massacrés, sans même cependant obtenir la moindre minuscule once bienfaitrice celle d’un 4 août par exemple.
17 fut la continuation sous d'autres grimaces du servage tsariste et l’avènement d’un régime féroce qu’aucun adepte de la Monarchie Absolue, et lecteur assidu du néo-Zarathoustra, n’aurait osé penser, même dans ses rêves les plus fols.

Par contre les socialistes français, eux, se sont régénérés avec l’apport progressif de certains transfuges "marxiens" anti-léninistes refluant tout d’abord du Rapport Rousset en passant par l’écrasement ultra sanglant des Berlin, Budapest, se réfugiant alors dans l'UNEF et fabriquant le PSU.

Pendant ce temps, le ballottage de 1965 ouvrit une brèche marquant de sa fissure l'émergence d'une nouvelle combinaison sociale ivre de vie au jour le jour. "Ras le bol" des lendemains qui déchantent.
Le ballottage créa brusquement une alternative au face à face gaullo-communiste, même si elle était encore floue, "l'attentat du petit Clamart" n'aidant pas vraiment à la clarté.
Mais ces nouveaux acteurs surréalistes que sont les fameux "conventionnalistes républicains" de Mitterrand, forts de leur ballottage, s’emparent définitivement en 71 de l’étiquette exsangue des "sociaux-démocrates", vieillis sous le harnais "rad-soc" et morts en 69.
Les mitterrandiens surent alors y faire, et comment ! en cuisine symbolique.
Ils amorcèrent d'abord l’étreinte avec un soutien international aux peuples torturés, souillés, violés, Pinochet et apartheid aidant.
Puis ils ouvrirent bien grand les bras à la montée en puissance d’une classe d’âge élevée au biberon urbain des années 60 que Jean Lecanuet et son sourire à l'américaine ne pouvait guère attirer tant la gauloiserie et la coupure gauche-droite sont quasi théologiques en France.
La droite était de toute façon de plus en plus sur la défensive au niveau idéologique depuis 68. Depuis 39 au fond.

Giscard, issu de ses rangs les plus profonds, ceux qui donnèrent un Pinay, un Monnet, s'appropria cependant la mise en 74 à la suite du torpillage communiste de 73, et de la trahison accomplie sur la personne de Chaban par le premier Chirac. Puis les communistes prirent le relais en 78 en alignant au second tour tout le bureau politique devant les caméras.

Certes Simone Veil transforma également et adroitement l’essai sociétal amorcé par les féministes grâce à la loi permettant aux femmes la libre disposition de leur ventre.
Mais il était trop tard pour la droite malgré Servan Schreiber. Malgré les pulls et les petits déjeuners avec éboueurs, l'accordéon, les graphiques sympathiques.

Observez alors que toute la symbolique de la "gauche non stalinienne", hors SFIO, s'est édifiée dans sa résistance à la guerre d'Algérie, son refus de Berlin et de Prague, la brutalité de l'urbanisation, le tout débouchant donc sur le ballottage de 1965 et le non à De Gaulle en 1969.

La symbolique de la gauche anti-gaulliste s'est donc beaucoup plus irriguée de toutes les questions internationales, sociétales, culturelles, techno-urbaines au fond, comme plus tard la libération des ondes radios en 81, ( et Jospin tenta la même chose avec le Pacs et le "sociétal"...) que dans la sempiternelle dénonciation de la "plus value capitaliste ". Ou du vilain gros cigare capitaliste que la gauche non stalinienne fumait de plus en plus pour ressembler à la star exotique nommée Che.

Certes la grosse artillerie marxiste léniniste faisait encore un tabac parmi les "les intellectuels" à la gauche de la gauche socialiste qui étaient sortis de l'ombre grâce à 68 qu'ils méprisaient ; 68 qui eut, faute de mieux sans doute, l'avant garde la plus archaïque qui soit rêvant d'un retour pur et dur à Lénine, entre deux analyses lacano-sadiennes, les vocables " aliénation " et " surexploitation " en boucle. Tandis que d'autres préparaient " l'autonomie " des années 70, Brigades rouges et RAF à la clé, guerre au pouvoir, à la langue, à la raison, au plaisir en associant par exemple phallus et domination.
Mais en France le plus gros des troupes ne franchit guère le pas extrême politiquement. Il fut alors plutôt question de partage du " gâteau " que les économistes socialistes appellent d'ailleurs encore doctement " la répartition des fruits de la croissance ".

Le virage réaliste de Mitterand en 1983 s'explique aussi par cela. Par ce refus, contraint, d'idéologiser les problèmes objectifs. Le retour de la droite en 1986 s'explique également par ce retour au réel ( mais uniquement par lui : comme par défaut ). Il n'était plus possible de presser fiscalement les petites et moyennes entreprises alors qu'elles sont le moteur de l'emploi.

Pourtant, à partir de 1995, la tendance vers la droite se renverse avec l'échec de Juppé à la SNCF et de Sarkosy et son SMIC-jeune. La droite n'arrive pas à capter durablement les déçus de la génération Mitterand et elle se fait bien plus étatiste et corporatiste que jamais, lorgnant vers un discours électoraliste.

La gauche gagne au fond en 1997 (par défaut ici aussi, c'est plus visible rétrospectivement) et espère se refaire une santé avec l'antilibéralisme et l'antiglobalisation à partir de 1999. Mais la "naïveté" en matière d'insécurité et le discours obscur sur les services publics alimentent respectivement les pertes sèches à droite et à gauche du parti socialiste.

Pourtant le PS avait de quoi séduire.

Concentrons-nous en effet sur le poids symbolique des questions internationales, sociétales, culturelles car leur gravitation en s'agrégeant fut le facteur décisif et constitutif du charisme politique des socialistes dans les années 80. Surtout au sein de la nouvelle classe moyenne issue des années 60 et fraîchement urbanisée (c'est elle par exemple qui a fait gagner le PS et les Verts à Paris).

Le côté psychosocio, Claude Sautet, fils de pub, Vincent François Paul et les autres, toute cette ambiance néo-néon (qui donne aujourd'hui le Bobo votant Vert) avait donné la victoire de Mitterand et s'était substitué peu à peu à l'époque aux charismes gaullistes et communistes dont l’aura issue de la Résistance commençait de plus en plus à pâlir.

Déjà la victoire de Giscard d’Estaing en 74 avait montré que l’on ne gouvernait pas une France urbaine comme s’il s’agissait de la France rurale d’avant guerre.
Le mariage de la modernité et de la "nouvelle société" issue des années 60 n’avait-il pas été en effet le fleuron d’un Giscard, du moins jusqu’aux avions renifleurs et surtout jusqu’aux diamants ?

Et c'est ce fleuron dont un Mitterrand s'empara. Empêchant Rocard de le ravir tant celui-ci était en fait un bon exécutant, mais un Concorde de la politique : trop sophistiqué et donc n'incarnant pas du tout ce charisme provincial et en même temps ultra parisien qui fait un Président en France.

Mais Mitterrand, et son chapeau façon Anatole France, ne sut que faire de ce fleuron, qu'il voulait juste gagner. La maladie aidant, il ne put que le laisser au second Chirac, tant Jospin en 95 était encore bleu et ne put rien contre l'accumulation négative des surplaces deloriens fabusiens et rocardiens, et les remugles des effluves nauséabondes suintants de certains coins affairistes et opportunistes de la cour mitterrandienne façon Tapie-Peulat-Dumas-Joncour-Papa m'a dit.

Seulement Chirac cuvée 95, lui aussi, ne put rien faire de ce fleuron, tant il crut que la dissolution de l'assemblée lui donnerait une majorité pour faire des réformes en fait étriquées -comme la remise en cause du statut des retraites dans le fonction publique- que la rue lui avait refusée quelques mois auparavant.

Or l'opinion était de moins en moins manipulable et en même temps toujours autant soucieuse de justice, de modernité, de décontraction dans les relations sociales, voire de "parler vrai", malgré l'individualisme, tempéré, alambiqué, des années 90.

Cette incompréhension de l'opinion en 1997 par la droite, alimentée par le rigorisme quelque peu simpliste d’un Balladur fasciné par les fameux 3 % qui lui fit augmenter les impôts au lieu de mettre en chantier des réformes afin de montrer au pays qu’il fallait moins d’Etat et plus de France, c’est-à-dire plus d’autonomie, de confiance, de solidarité, d’Europe, ce décalage précipita l'échec de la dissolution.
A
u lieu d'organiser des référendums sur chaque réforme nécessaire, Chirac voulut en montrer au pays par la dissolution autoritaire un an avant l’échéance.
Geste fatal. Car le pays voulait être respecté par "ceux d'en haut". Ce fut décembre 95.
Chirac rêvait d'une chambre introuvable. Son vœu s'inversa et ce fut son camp qui disparut. Du moins au niveau de la politique nationale.

De plus avoir une majorité à l'assemblée ne suffit pas si l'on n'a pas l'accord profond du pays que seuls des référendums pourraient constituer.


Chirac avait de toute façon mal débuté. Commencer par les essais nucléaires était un manque évident de pédagogie, même s'il avait raison sur le fond.

Ajoutez à cela son angoisse de se faire doubler par la gauche sur sa propre légitimité internationale et sociétale.
Mitterrand avait en effet pu manifester dans la rue pour Allende, et même soutenir les lycéens. De même Jospin s'en est allé soutenir les sans papiers de l’église st Bernard.
Par contre le fait qu’un Sarkozy, un Bayrou, puissent manifester devant l’ambassade de Chine pour signifier que la démocratie n’est plus du tout une question "occidentale" mais universelle, ce fait, là, oui, aurait été surprenant à plus d’un titre. Madelin eut l'opportunité de le faire. Une fois. Une seule. Pour la photo.

Certes le dernier Chirac a soutenu l'obstination d'Arafat a en demandé plus : pour quel résultat ?...

Mais de l'autre côté qu'a fait la gauche plurielle actuelle ? Rien sinon soutenir un Arafat refusant le principe de réalité. Et pour les démocrates chinois ? Rien non plus. Que fait la GP pour les démocrates algériens, gabonais, ivoiriens, sénégalais, afghans ? Rien. Et la droite ? Pas plus, bien sûr.

Alors ?
Où en sommes-nous à l'aube de 2002 ?

La droite, malgré le sursaut local des municipales 2001, était de plus en plus dévorée par ses combats de coqs et sa confusion entre Etat et Nation. Et avant l'accident de la baudruche Le Pen, elle se croyait incapable de s'opposer à un Jospin tout fier d'avoir inventé sa formule phare "oui à l'économie de marché, non à la société de marché".

Pourtant la question n'a jamais été entre le fait de réguler le marché et le fait d’accepter "la société de marché".

Car il n’y a jamais eu de société de marché.

Tandis que de nos jours la société est de plus en plus régie par des lois et des valeurs qui empêchent, même en privé, de faire n’importe quoi à n’importe qui.

Aussi il s'agit de plus en plus de se dire que la césure entre la droite et la gauche est trop simpliste, partielle, quoique réelle, sauf qu'elle traverse tout le monde, on est toujours à la droite ou à la gauche de quelqu'un, ce qui implique de dire haut et fort que nous sommes tous de gauche et de droite, tout dépend de la question posée. Par exemple lorsqu'il s'agit de signifier fortement un sentiment de solidarité, c'est notre côté gauche qui palpite. Et quand il faut imposer sa volonté, c'est notre poing droit qui s'abat sur la table.

Ainsi la question n’est pas du tout entre le fait de réguler le marché et d’accepter "la société de marché", la nouvelle ligne de partage se situe plutôt, du moins me semble-t-il, entre ceux qui veulent approfondir le devenir démocratique, par de nouvelles régulations, et ceux qui préfèrent s’en tenir à la lettre tout en enlisant l’esprit dans des passe-droits d’autant plus hypocrites qu’ils sont effectués au "nom du peuple"...

Ce qui donc, surtout aujourd'hui, compte aux yeux de l'opinion actuelle, et en tout cas déjà aux miens, c'est de plus en plus le devenir démocratique. Et donc l’approfondissement et la réforme de ses règles.
C'est ceci qui devient en effet de plus en plus cruciale nationalement et internationalement. Et non les coups de bec imbéciles.
Ce qui compte, c'est la nécessité de continuer à mettre sur pied des institutions qui renforcent la solidarité.
C'est aussi la nécessité de réformer en profondeur l’Onu, de négocier au sein de l’OMC la transparence de la composition des produits et des conditions de leur fabrication.
C'est également la nécessité de convaincre les flux financiers, uniquement spéculatifs, de participer aux efforts du Fmi et de la Banque mondiale, de l’OMS et de l’Unesco réformées.
Et toutes ces nécessités sont autant d’éléments fondamentaux d’une politique ambitieuse réellement au service des citoyens.
Elle démontrerait en effet que pour rendre la croissance pérenne, il faut renforcer la démocratie et que pour renforcer la démocratie il faut accroître la participation des citoyens à tous les échelons de la Cité, entreprises comprises.
Ce qui nécessite d’organiser la liberté d’action politique autrement qu’en l’accaparant au profit des mêmes, dussent-ils se prévaloir la main sur le cœur de la “ chose publique “ alors que, dans les faits, celle-ci se trouve amoindrie au lieu de se voir réellement renforcée comme il est prétendu dans les discours électoraux.

Mais avant d’arriver à une telle démarche, responsable, autant faut-il démontrer dans l’opinion que la chose publique sera d’autant plus "au service du peuple" qu’elle s’occupera beaucoup plus de justice de protection de solidarité et beaucoup moins de fusion bancaire de formation et d’assurance fusse-t-elle affublée du terme de “ sociale “...
Pour en faire ici la démonstration (en D) il convient néanmoins d’écarter au préalable quelques idées fausses s’agissant de la liberté d’entreprendre.

C. La question du libéralisme.

Qu’elle n’a pas été notre stupéfaction lorsqu'un jour en écoutant France Culture et spécialement la feu émission Staccato, nous entendîmes un "maître de conférence en sociologie" qualifier le plus sérieusement du monde, le trafic de drogue comme relevant de "l’ultra libéralisme".
Ainsi tel monsieur Jourdain le trafiquant de drogue serait "ultra" ou "néo-libéral" (selon l’étiquetage communiste, Vert, ou issu de l’extrême centre...) sans le savoir. Dans ce cas, le moindre criminel peut être cité en exemple...

Et, comme d’habitude, la question éternelle, celle de "la" cause absolue, source de tous les maux, et dont la suppression définitive permettra le bonheur pour tous, sera à chercher du côté de la liberté de vendre et d’acheter qu’il s’agit de comparer, insidieusement, à un trafic de drogue.
Insidieusement car l’économie de marché est devenue incontournable après la démonstration grandeur nature du communisme, (et il ne sert à rien de prétendre que les Russes et autres ont mal appliqué les textes comme le prétendent dans un complexe de supériorité étonnant et frôlant le racisme certains léninistes français à " la gauche de la gauche"). L'attaquer directement passe mal.
Par contre il est aisé de biaiser la difficulté en s’attaquant au marché, tout de même, mais indirectement, par la diabolisation du terme "libéral" grâce aux suffixes "ultra" ou "néo" qui depuis le duo Thatcher Reagan signifie loi de la jungle et volonté de domination mondiale.
Cette diabolisation (déboires du rail britannique privatisé après cinquante ans de laisser aller en maintenance et gabegie de la vache folle aidant) devient alors un argument idéal pour les forces de vente de la gauche dite "plurielle" qui sans elle seraient obligé d'expliquer pourquoi Jospin fait du libéralisme rampant tout en disant le contraire.
Par ailleurs la notion de "droite" est devenue péjorative et au fond la haine qu'il suscite est semblable à celle qui se déclenchait autrefois au mot "rouge".
Ainsi il n’est pas rare d’entendre à l’Université des étudiants dire que tel "prof" est très "intéressant" mais "il est de droite paraît-il" ce qui sonne comme une infamie, et donc interdit, d’emblée, de le citer et surtout d’utiliser la moindre de ses analyses sous peine de se faire cataloguer "à droite", néo-paria.
Il en va de même pour les campagnes de soutien où j'ai pu entendre lors d’une réunion d’artistes soutenant la gauche plurielle aux dernières législatives un journaliste demander à telle femme accompagnant un acteur célèbre le sens de sa présence et qui répondait "parce que c’est la droite !" coupant imémdiatement là, sermonnant même le journaliste par un regard qui en disait long. Comme si toute discussion, même argumentée, était inutile, voire suspecte, et que l’adhésion politique fonctionnait uniquement à l’affect. Cataloguant par exemple la corruption uniquement à droite…

La stratégie qui pourrait contrer ce genre de procès en sorcellerie nouveau type établira donc, comme je le suggérais plus haut, que tout humain est de droite et de gauche à la fois.
Il est de droite lorsqu'il tente de pousser ses intérêts, motivations, passions, le plus loin possible. Et il est de gauche lorsqu'il espère en des jours meilleurs pour l'ensemble de l'humanité.
Aussi Noël, Lionel, Arlette, déploient tout aussi bien leur vouloir jusqu’au bout de leur pouvoir que François, Jacques, Alain...
Et tous exigent pourtant paix et justice dans le monde.

C’est d’un banal, c’est trivial, mais en ces temps d’illettrisme, de vulgarité exacerbée et de coups bas, il faut non seulement le répéter, sans cesse, mais même en faire un axe pédagogique majeur.

En effet si ce débat sur le fait que nous sommes tous de droite et de gauche, selon les questions et les humeurs, n’est pas déclenché, il y aura de plus en plus cette démagogie qui fera passer le moindre dysfonctionnement, la moindre injustice ou excès de puissance comme "produit" du capitalisme néo ou ultra selon la marque de fabrique. Alors qu'il y aura toujours du conflit, des tricheurs, l'appât du gain pour plaire ou par avarice, et,toujours, le besoin permanent de faire mieux.

D. Comment plus protéger, rendre mieux la justice et être plus solidaire ?

Les études sociologiques les plus sérieuses, telles celles de Raymond Boudon, montrent que l’injustice est quelque chose de fondamentalement mal supportée par chacun. Comme s’il s’agissait d’une espèce d’atteinte intime à sa propre personne.

Le rôle de l’Etat est donc de faire en sorte que la justice, au côté de la protection et de la solidarité, soit dorénavant prioritaire sur tous les autres postes budgétaires. La grève des avocats promus d'office, à la fin novembre 2000, est là pour le rappeler. La manifestation des magistrats en février-mars 2001 l'a soulignée haut et fort.
Il faut plus de moyens pour la justice.
Mais aussi une meilleure organisation et formation pour la protection des citoyens, une plus grande solidarité à apporter aux personnes démunies, isolées, jeunes et âgées et aussi une plus grande activation donnée au fait de vivre "urbainement" ensemble.
C'est également trivial banal.
Qu’en est-il pourtant de l’éducation de l’assurance sociale, de l'agriculture, de la culture ? De la retraite?
Ou est la notion de service public qui ne confondra pas confiscation par les hauts fonctionnaires du bien public, aumône fait aux plus pauvres, et réelle rénovation de son esprit basée sur le désir fort de satisfaire les besoins vitaux du citoyen consommateur ?
Nulle part. (Sauf chez les partisans de l'écologie politique responsable).

Il est pourtant crucial de donner au citoyen à la fois du confort et de la responsabilité. Que l'on cesse de l'infantiliser en pensant qu'un plus de liberté voudra dire un plus de sauvagerie : c'est ce que la pensée rigoriste disait autrefois sur le "libre arbitre", sur la vie "livrée à elle-même"…
Certes en lisant ces mots d’aucuns parleront immédiatement "d’attaque ourdie contre le service public" ou de "remise en cause des acquis" vaches folles sur trains anglais en guise d'arguments (+ les 35 millions de pauvres américains, Seattle, le Sud gentil et le Nord méchant).
Or il s'agit non pas de "déréguler" au sens de supprimer les règles mais au contraire d’en établir d’autres, une nouvelle régulation, dont les cahiers des charges permettront un plus grand choix au citoyen qui est aussi un consommateur.
Car le rôle de l’Etat se doit d’orienter plutôt les sommes des impôts directs et indirects vers des tâches que la société civile, la Nation, a, en majorité, du mal à faire elle-même de façon directe comme la justice la protection la solidarité.
Par contre en matière d’éducation d’assurance sociale de prêts financiers d’électricité de télévision de communications locales de transports divers dont l’accès à Internet l’on ne voit pas pourquoi la société civile ne s’en occuperait pas à partir du moment où l’Etat veille au strict respect des cahiers des charges soumis, dans leurs orientations et principes, aux élections législatives par exemple...

La protection doit devenir aussi une "top priorité" comme cela se dit dans les émissions branchées.
Le sentiment d’insécurité, aussi fantasmatique soit-il, ce qui est loin d’être vrai dans certaines zones dites “ grises “ ni dans le regard inquiet de certains conducteurs de métro de bus ou de train, surtout lorsque l’on est femme, ce sentiment doit être également et rapidement combattu.
Comment ?
En redonnant confiance :
- Par une formidable campagne de communication traquant l'incivilité, la mettant en scène comme l'on sait si bien le faire pour le sida ou la prévention routière.
- En envoyant les plus récalcitrants des jeunes délinquants en centres de vie à projet personnalisé.
- En réorganisant les filières, en orientant vers des métiers revalorisés ceux qui ne supportent plus la généralité de la filière unique.
- En aidant les actes et pas seulement les colloques.

De même la solidarité doit devenir une priorité.
Car la solitude et le déracinement gagnent du terrain doublé d’un degré d’impréparation mentale d’une partie croissante de la population devant le monde fait d’images de plus en plus manipulées pour le meilleur et pour le pire comme quasi réalité.
Il faut donc activer des liens institutionnels forts, dont les mairies, pour donner à cette population là des repères à même d’aider aux choix puisque les grands cadres de référence comme la religion,
la morale et la politique se sont diluées et font beaucoup plus appel à la décision éthique individuelle.
D’autre part on ne voit pas pourquoi il ne serait pas possible d’aider et de conseiller les particuliers et leurs associations à échanger des informations et des services, sans passer nécessairement par le marché, puisque le désir de discourir de se confronter et aussi d’échanger des conseils est à la base de la convivialité nécessaire à la bonne santé mentale de tout groupe.

Pour mener à bien cette réorientation il faut de l’argent.
Or les impôts directs et indirects ne peuvent être relevés. D’autant qu’ils doivent même baisser. Surtout pour cette classe moyenne supérieure qui supporte le plus gros de la charge.
Le taux de la TVA doit lui aussi baisser pour certains biens et services.
Ainsi il n’est pas possible de laisser par exemple le taux plein pour les clubs de sport, de danse, de relaxation, alors que la forme loin d’être un luxe apparaît de plus en plus comme un élément de la bonne santé et un atout pour la dynamique économique et psychique.
Pour compenser il faut préférer la concurrence à la nationalisation car les rentrées d'impôts seront meilleures. Il vaut mieux en effet que les entreprises fassent des bénéfices et payent des impôts plutôt qu'elles restent publiques et déficitaires.
Il vaut mieux le statut de France Télécom qui rapporte des sous à la collectivité que la SNCF qui en coûte de plus en plus.
IL faut donc remettre à plat non seulement toutes les dépenses mais aussi toutes les recettes.
Depuis que France Télécom n’a plus le monopole, personne ne peut dire que cela nuit aux salariés de cette entreprise détenteurs d'un confortable capital d'actions ( malgré les hauts et bas boursiers ) ; même si certaines catégories se plaignent, et sûrement à juste titre, des cadences. Mais ceci relève du combat syndical classique et ne dépend pas du statut juridique de l'entreprise. Et elles pourraient d'ailleurs fort bien exiger des compensations en demandant plus d'embauches, mais il y a actuellement pénurie d'ingénieurs et d'ouvriers qualifiés en électronique….
EDF, GDF, et la SNCF pourraient en faire autant : décider d'apporter le plus d'argent possible à la collectivité en devenant société anonyme, en payant donc des impôts nécessaires pour accroître la solidarité et la protection.
Seulement la difficulté de la pensée syndicale à la française, hormis les actuels efforts de la CFDT, et, paradoxalement de SUD, (paradoxalement parce que son discours est plus radical, mais plus pragmatique) consiste à refuser, d’emblée, de considérer le patronat comme un partenaire. La CGT voit par exemple seulement en lui un interlocuteur.
Or c’est là où le bât blesse.
C’est justement ici qu’il faut entamer un débat essentiel afin que les salariés soient de plus en plus parties prenantes dans la décision microéconomique lorsqu'ils acceptent d'être parties prenantes de l’avenir de l’ensemble de l’entreprise.
Tout en sachant néanmoins que la fonction syndicale reste distincte de la fonction gestionnaire. Il n'est donc pas question de confondre les genres car en effet sous couvert de productivité et de désir d'augmenter les dividendes les salariés pourraient être la cause même de leur propre surmenage.

On le voit, une réflexion d’ampleur est à mener dont l’esquisse ici montre en tout cas déjà l’interaction forte entre choix prioritaire de macro économie qui rapporte de l'argent à la collectivité et décision budgétaire allant dans le sens d'une meilleure protection et solidarité citoyenne.
Personne ne peut faire l’économie d’une telle démarche s’il veut penser objectivement le politique c’est-à-dire ce qui semble nécessaire pour le développement effectif de la nation et des citoyens qui la composent.
De ce fait il serait intéressant que de "Nouveaux démocrates", (ND), puissent faire leurs ces propositions afin de gagner les présidentielles et les législatives sinon prochaines du moins à venir.

E. Que peuvent apporter les élections en 2002 en attendant 2007 ?

Je n'ai pas ici la prétention de présenter une sorte de programme exhaustif, mais seulement de tracer quelques pistes principales dont certaines, inédites, peuvent intéresser toutes celles et tous ceux qui considèrent que la discussion à bâtons rompus prévaut sur les ronds de jambe.

S’agissant tout d’abord des grandes villes il s’agira de prendre très au sérieux les problèmes de pollution et de transports.

Ainsi à Paris par exemple il faut enfin avoir le courage de dire que les pollueurs doivent payer un droit.
Ce qui implique dans les périodes de saturation atmosphérique l’instauration d’un péage pour entrer dans la ville. Tandis que dans les périodes courantes la mise sur pied en relation avec la Région et l’Etat d’un réel plan de développement du transport particulier collectif et commercial doit voir le jour. Quitte à faire en sorte que les employeurs payent la totalité de la carte orange ou son équivalent en entretien vélo et voiturage collectif, déductible de la taxe professionnelle par exemple.
Il est donc important, ne serait-ce que pour des raisons de santé publique dont le coût est de moins en moins quelconque, de lutter efficacement contre l’asphyxie croissante des grandes villes françaises.

En second lieu il est clair qu’il ne suffit pas de faire du "tout culturel" pour faire en sorte que la mairie soit autrement perçue qu’en seul lieu administratif ou de secours divers.
Le "plus" qu’il serait sans doute opportun de mettre sur pied serait de favoriser des synergies avec les écoles les associations en créant ou en renforçant des liens permettant non seulement de rompre une certaine solitude mais de tenter de dynamiser les échanges entre citoyens.
Ainsi il serait par exemple possible d’accentuer les formations aux langues et au multimédia en n’en limitant pas l’accès aux seuls jeunes ou, pour les langues, dans quelques trop rares endroits.
Le rôle de la mairie, et cela se voit sans doute plus dans les villages et les petites villes est d’être, aussi, un lieu de vie qui permette d’articuler de vivifier et de susciter des liens.

S’agissant maintenant des prochaines législatives, outre le développement des trois priorités, justice, protection, solidarité, et la mise à plat non seulement des dépenses mais aussi des recettes afin de réorienter et redimensionner l’effort collectif, il s’agira aussi de faire en sorte qu’en matière d’éducation d’assurance sociale d’aménagement du territoire mais aussi de politique européenne et internationale les choses se fassent en douceur. Quoique sur un rythme soutenu, éventuellement supporté par référendum afin que le citoyen influe réellement sur les choses.

Concernant l’éducation et en particulier l’enseignement primaire et secondaire, l’autonomie complète et le droit d’inscrire son enfant où bon il semble seront octroyés avec choix du directeur-proviseur et des divers responsables de service par le Conseil d’Administration dans lequel la présence parentale doit être renforcée.
Le contrôle de l’Etat se fera aposteriori et en cas de litige s’agissant par exemple d’interférence entre un choix donné et l’octroi automatique d’un poste par avancement de carrière la modernisation de la justice, priorité numéro un, permettra aux tribunaux administratifs d’agir dans un délai minimum.
Au sein même des établissements la possibilité de louer les locaux disponibles et d’entrer en synergie avec la mairie et les partenaires associatifs et économiques sera rendu possible.
Et les bénéfices dégagés viseront en priorité à la modernisation des locaux, à l’achat d’un nouveau matériel, à l’augmentation du fond social s’occupant des bourses et du paiement de la cantine et enfin à l’octroi d’un complément salarial pour les professeurs acceptant d’aider les élèves en difficulté et d’animer avec la mairie les divers concours inter école et pluriurbain jumelé.
Le sport se doit d’être développé, la compétition renforcée, et la vie à l’école personnalisée afin que l’élève se sente écouté et respecté.
Il va alors presque de soi que dans un tel contexte inédit c’est au Conseil d’Administration, qui élit déjà son responsable exécutif et donne son accord pour les responsables de service, de choisir également les professeurs.
Le rôle du ministère est de veiller au cahier des charges, au contenu des programmes, au maintien de la nature national de certains diplômes essentiels, enfin au maintien du caractère public du recrutement puisqu’il s’effectue par concours.
Mais il s’agira d’en ouvrir l’accès le plus possible à tous ceux qui ont une certaine expérience professionnelle, l’échelle d’évaluation étant effectuée par le Conseil d’Administration, l’inspection générale pouvant faire appel si elle juge la plainte recevable.

L’ampleur de la réforme, qu’il s’agira d’expliquer longuement sans heurter plus qu’il ne faut la sensibilité des acteurs, ne pourra sans doute pas s’effectuer dans toute son ampleur sans un référendum.


Au plan proprement pédagogique, il est possible de suggérer aux acteurs que les expériences canadiennes montrent que la salle de documentation doit être suffisamment étoffée en ordinateurs et en logiciels pour devenir une véritable plaque tournante informationnelle permettant que les exposés et les divers concours locaux nationaux et internationaux puissent se développer directement sur le Net.
D’ailleurs la possibilité de donner des cours à distance et pour les parents de suivre les cours de leurs enfants seraient un plus tant il est souvent difficile de se remettre à niveau, préalable à toute reconversion ou formation nouvelle, en se déplaçant après une journée de travail.
Il est également important que les parents se rendent compte de la difficulté à enseigner lorsque le professeur est également obligé de jouer le rôle de l’éducateur.
Sur ce point, il ne serait pas idiot que le ministère de l’éducation nationale puisse être débaptisé pour reprendre celui de ministère de l’instruction publique...

Sur le plan de la solidarité, l’assurance sociale, les retraites, l’assurance chômage, tout ceci pourrait être amélioré en faisant une pierre deux coups jugés d'habitude impossible : augmenter la protection et diminuer le coût.
Comment ?
En permettant que l'employeur donne disons la moitié de ce qu’il paye en charges directement au salarié. Une part de l'autre moitié irait dans l’amélioration ergonomique des postes et dans diverses aides dont celles du logement, l’autre part disparaissant selon des modalités et un rythme à définir.

Le salarié, fort de cet apport, pourrait le diviser en deux : une moitié servant à une capitalisation éventuellement collective au sein de l’entreprise même ou à l’extérieur, l’autre moitié s’ajouterait à ses cotisations habituelles qui pourraient diminuer à terme, afin de payer l’assurance de son choix, qui reste obligatoire, augmentée de la mutuelle adéquate.

Bien sûr de telles propositions ne sont pas nouvelles, mais d’aucuns y sont hostiles en avançant par exemple que dans ce cas l’actuelle sécurité sociale en perdant son effet de masse se verra alors dans l’obligation soit d’augmenter ses cotisations soit de diminuer ses remboursements.
Or c’est exactement ce qui se passe actuellement en position pourtant de monopole...

Et puis c’est exactement ce que l’on disait pour France Télécom ( du moins sans ses bêtises dans le WAP et sa folie des grandeurs), et surtout Air France. Alors que c’est précisément à la "Sécu" de se réformer de telle sorte qu’elle reste suffisamment attrayante pour garder ses clients.

D’ailleurs et d’une façon générale il est fort possible et même souhaitable qu’à l’instar des constructeurs automobiles qui collaborent pour la confection des pièces et se concurrencent lorsque la voiture est montée, les assurances et l’actuelle sécurité sociale se concurrencent au niveau micro et s’allient au niveau macro (y compris avec les mutuelles les fonds de pension et les retraites) afin de faire travailler les sommes allouées au niveau européen et mondial. Tout en payant une petite taxe au fond international de solidarité à mettre au point pour soutenir et amplifier l'aide au Sud.

Il n'est pas possible de laisser les seuls retraités anglo-saxons bénéficier de l’augmentation de la croissance mondiale qui est aujourd’hui poussée (mais c’est un autre sujet) plus par l’innovation et l’accès au marché de nouveaux pays que par la seule obsolescence des produits.

Ce qui implique que l’analyse par cycles et la politique de stop and go en matière de taux d’intérêts est à discuter puisque pour avoir une bonne macroéconomie le seul contrôle des agrégats monétaires ne suffit pas s’il n’y a pas les réformes de structure adéquates.

La Russie est un bon exemple d’échec en la matière tandis que l’actuel redémarrage américain (malgré les soubresauts, permanents, des indices) en est un autre pour montrer que l’innovation et la relance par l’investissement sans dopage artificiel permanent de la demande moyenne peuvent payer à terme lorsque cette politique économique est accompagnée de décisions institutionnelles fortes permettant le dynamisme au lieu de le freiner.


Mais il faut une profonde réforme des institutions. Le Parlement doit de plus en plus s'occuper des affaires européennes et internationales. Tandis que les Parlements régionaux se verraient répartir l'élaboration de questions locales et nationales qui seraient ensuite tranchées lors d'un vaste Congrès réunissant les représentants de tous les parlements régionaux.
Il sera donc judicieux d’entamer une sérieuse réforme institutionnelle sur la découpe en commune, département et région ca r il y a trop d'échelons décisionnaires.

S'agissant d'aménagement du territoire il faut déconcentrer le plus de pouvoir possible en matière d’équipements publics tout en veillant à ce qu’il n’y ait pas de potentats qui s’installent.
En ce sens le rôle du préfet en collaboration avec la cour des Comptes, rendue indépendante avec droit de poursuite, consistera à vérifier la faisabilité des projets engagés par les régions et les villes.
Même s’il s’agit de capitaux privés.
Car les processus d’endettement comme le poids des impôts locaux deviennent de plus en plus insoutenables. Surtout s'ils s'ajoutent aux divers désengagements financiers non pertinents de l’Etat en matière de protection et de solidarité par exemple, et que la région et la marie se doivent de suppléer.
Aussi lorsqu’il s’agit de dynamisation nouvelle du tissu urbain de manière immobilière routière et industrielle l’aval de la Datar ne peut pas être seulement technique mais aussi politique.
De même il n’est plus possible de ne pas tenir compte de l’avis des riverains et d’accroître la construction d’habitations et de quartiers entiers issue de conceptions désuètes et douteuses telle qu’éliminer le centre-ville ou éclater l’habitat aux quatre points cardinaux en lieux de repos de commerce de loisirs et de travail ce qui tue l’espace social fait de mixage et de contraste et favorise la constitution de ghettos.

La montée de l'insécurité vient aussi de là. Même si elle n'explique pas tout. En particulier le défaut d'intégration d'une part, le sous-développement du Sud d'autre part, sous-développement maintenu en l'état par les mafias conjointes du Sud et du Nord.

S’agissant de l’Europe, les élucubrations et l'arrogance de certains devraient plutôt laisser place à une politique continue de petits pas, plutôt que viser à de grands bonds rétrogrades (comme diminuer le rôle du Parlement européen).
Elle irait du plus simple telle l’instauration d’une date anniversaire chômée, d’une politique d’échanges de hauts fonctionnaires et de collaboration politique allant jusqu’à la présence de secrétaires d’Etat européens au sein même du gouvernement français, jusqu’au plus compliqué :

Par exemple le fait que chaque Parlement national ait en charge une question européenne, le Parlement européen ayant un peu le rôle d'un Sénat.Et que commence enfin l’amorce d’une collaboration de plus en plus étroite au niveau des ambassades afin de regrouper certains services et de voire peu à peu émerger des ambassades européennes en tant que telles, les consulats servant à promouvoir l’identité culturelle et la langue de chaque pays.

Bien sûr l’idée ambiante est plutôt de considérer que le rôle des ambassades consiste à soutenir leurs industriels respectifs par la captation de marchés publics étrangers.Mais est-ce bien raisonnable de poursuivre une telle politique, hautement corruptible par ailleurs, alors qu’il s’agirait plutôt de soutenir la langue et la culture en priorité ?

Pendant ce temps, l’U.E n'oublierait pas du tout nos industriels car elle mettrait en commun les efforts de tous les pays pour qu'ils se fassent connaître en Asie et aux deux Amériques.
Le personnel en surplus des ambassades pourrait être alors dirigé vers la conquête des instances internationales comme l’ONU, l’OMC, le FMI. C'est en leur sein que va de plus en plus se jouer les efforts d’organisation des échanges mondiaux et de la démocratie. Or seuls les Anglo-Saxons s'y trouvent en majorité.

Il sera temps ensuite de penser à une Constitution et une présidence européenne élue au suffrage universel. Démontrons d'abord à tous que l'Europe est de plus en plus une réalité bénéfique au jour le jour. Et un exemple alternatif.

Ainsi, afin d’éviter par exemple que précisément les gouvernements utilisent le poids des commandes publiques pour aider de façon clientéliste et électoraliste les industriels amis ou pour inciter à l’investissement intérieur à coups de subventions inutiles qui à terme engrangent des souffrances sociales lors de la fermeture de sites artificiels, l'Europe doit âprement défendre le fait que le rôle des instances internationale doit être considérablement renforcé.

Il faut en effet d’éviter ce no man’s land des marchés publics qui ne peuvent de toute façon à eux seuls tirer la croissance.
D’ailleurs il vaut mieux un déficit donné de la balance commerciale et une forte croissance (surtout si la balance des paiements est positive) comme aux Etats-Unis. Car cela prouve que l’importation est plutôt d’origine industrielle et va à terme se transformer en accroissement de richesses. Du moins si la demande n’est pas freinée par une ponction fiscale directe et indirecte non seulement trop lourde mais surtout injustifiée et opaque.

Le rôle de l’ONU devra être revu, en particulier le Conseil de Sécurité qui ne doit plus être réservé aux seuls pays nucléaires (ce qui pousse à s’en doter...) mais aux plus démocratiques, le critère ultime étant l’élection en Assemblée Plénière et pour x années de cinq à dix pays les plus méritants en matière de développement.
Ceci donnerait une plus grande légitimité à l’ONU lorsque la Communauté voudra par exemple taxer les capitaux uniquement spéculatifs afin de payer les forces internationales de paix, le renforcement du Tribunal international et divers programmes de santé et d’alphabétisation.

S’agissant enfin de la présidence de la République, Chirac peut se transcender s'il est à même d'accomplir de telle sorte l’ensemble de ces réformes que l’on soit en mesure de constater qu’il n’est pas seulement mû par une ambition, légitime, mais aussi par une vision objective des nécessités. Du moins si l’on prétend être à hauteur de jeu c’est-à-dire tenir à bras le corps l’essentiel de l’enjeu tout en laissant le Gouvernement et le Premier ministre appliquer la politique choisie.

Le Président, dans la Cinquième République, n’est pas, semble-t-il, un super premier ministre et celui-ci n’est pas son secrétaire général, même si cela a pris souvent cette apparence.
De plus il semble bien, selon l’esprit impulsé par De Gaulle, que le rôle du Chef de l’Etat soit d’être garant que l’Etat se mette au service de la Nation. Et non le contraire.
Car depuis 1789 c’est la Nation qui commande l’Etat.
Même si celui-ci a en effet été historiquement partie prenante dans son harmonisation quoique de façon quelque peu brutale et dont il s’agirait maintenant de faire oublier en évitant de froisser les diverses sensibilités par des restrictions d’un autre âge.
Ainsi par exemple l’on ne voit pas pourquoi les documents officiels ne pourraient pas être aussi rédigés en langue régionale. En cas de litige c’est le document écrit en français qui, seul, prévaudrait.

Le fait que le Président de la République se mette réellement au service de tous les français signifierait qu’il est en mesure de se porter réellement à l’écoute.
Ce qui implique déjà que tout ce qui est entrevues protocolaires usuelles doit être délégué au Gouvernement car le Président réserve le plus clair de son temps à la réflexion, à l’étude sur le terrain de la politique suivie, à la rencontre des français, et aussi, bien entendu, au rôle de la France dans l’Europe et dans le monde.

Si le Gouvernement applique la politique choisie tout en défendant les intérêts du pays dans le monde entier, la spécificité du rôle du Président en matière de politique étrangère, et donc également en matière de défense, consiste à percevoir les mouvements historiques en profondeur, jusqu’à mettre le holà quand il le faut, quitte à ce que la France le fasse seule.
Car telle est notre destin.
Surtout lorsque les valeurs, universelles, de la démocratie sont remises en cause de manière intolérable et que la France a appris des erreurs passées qu’il ne sert à rien de fermer les yeux et de se cacher derrière la "Raison d’Etat".

Ces quelques idées présentées ici peuvent apparaître utopiques, mais il ne faut pas se fier aux seules apparences car il semble bien que certaines d’entre-elles mériteraient autre chose qu’un haussement d’épaules.

Il reste encore trois ans avant l'irréparable.

MNM