Communiqués du MNM

Pourquoi la guerre en Irak est légitime et ne justifie pas la pédophilie politique des enfants-bombes

Par Lucien Oulahbib*

L'atroce situation de cet adolescent transformé par ses aînés en projectile, cette pédophilie politique associant couardise et nihilisme ne date pas d'hier lorsque l'on connaît la manière dont sont éduqués les jeunes palestiniens dans la haine et le mensonge systématique, y compris lorsqu'un gouverment israélien travailliste, et favorable au compromis, est au pouvoir, comme le note la dernière tribune de Thomas L. Friedman (Le Herald Tribune la reprend dans son édition du 26 mars, p.6).

Mais aujourd'hui cette situation se radicalise en s'enfonçant dans une atmosphère de plus en plus benladisée, de plus en plus morbide, nauséabonde, dans un contexte de fin de règne, aussi surprenant soit cette sentence, celle du national-arabisme en général dont la version palestinienne se voulait le fer de lance à la suite du FNL algérien et qui n'a plus maintenant comme seule ressource que d'envoyer ses cadets et ses jeunes filles sur le champ de bataille, ce qui est pis que le nazisme en 1944.

Pourtant, par un effort désespéré de légitimation, cette folie meurtrière arrive à trouver un écho, par exemple en France, allant même jusqu'à se présenter comme la première cause du totalitarisme arabo-islamiste, la guerre en Irak en étant la seconde.

Une analyse objective peut aisément démontrer le contraire sur le premier point. Al-Quaida a commencé à se former au moment même où les Accords d'Oslo charriaient un optimisme de plus en plus conquérant.

L'Irak, par contre, représentait en effet, avec la Syrie, le dernier espoir du national-arabisme, alimentant par ses pétro-dollars et malgré l'embargo onuséen, tout ce qui comptait comme mouvement dit progressiste, tiersmondiste, arrosant nombre de personnalités clés de la classe politique africaine, arabe, et française, sans parler des araboislamikases palestiniens dont la famille recevait 40.000 euros à chaque réussite.

Or, à l'heure où la Libye avoue avoir détenu des armes de destruction massive, que l'Iran a en fait développé une technologie de nucléaire militaire, et que la Syrie ne semble pas du tout au clair avec ce genre d'armement, sans parler de la suspicion sur sa détention des ADM irakiennes, on ne voit pas pourquoi l'Irak se serait mis à l'écart de cette dernière chance pour le national-arabisme de compter dans l'Histoire du monde, même s'il s'agissait de le faire à l'instar de la Corée du Nord : en prenant le monde en otage, revenant ainsi à la dégénérescence barberoussienne pullulant en Méditerranée avant la conquête française de 1830.

Le fait qu'il n'a pas encore été prouvé que l'Irak fut menaçant ici et maintenant ne signifie donc pas qu'il ne cherchait pas à le devenir à l'instar de tous ses voisins.

Mais cette dernière démonstration ne sert à rien parce que la perméabilité est considérable en France depuis que certaines factions encore au pouvoir ont défendu, bec et ongles, le national-arabisme, prenant fait et cause pour les généraux algériens, écrasant l'opposition marocaine et justifiant la répression tunisienne y compris tout récemment avec les propos scandaleux de l'actuel président de la république expliquant que la liberté d'expression passe bien après la faim et la santé, renouant ainsi avec la diatribe soviétique de la grande époque et dont l'écho retentit encore à Cuba.

Certaines élites françaises se trouvent en fait dans le même état d'esprit que les élites national-arabistes en déroute. Il leur faut démontrer par exemple que la stratégie anglo-américaine est fausse en Irak, parce que si elle s'avérait exacte, cela ruinerait le peu de crédit que la France détient encore, qui est moins dû d'ailleurs à sa politique récente qu'aux erreurs stratégiques américaines avant le 11 Septembre, et aux manques de régulation à l'échelle mondiale.

Imaginons que la contre-révolution arabo-islamiste en Irak soit brisée et ce par les irakiens eux-mêmes qui n'ont que faire d'ailleurs de voir des berbères marocains décervelés par l'arabo-islamisme se battre en leur nom, toute la stratégie gaullo-social-altermondialiste française s'écroulerait et finirait dans une guerre intestine interbureaucratique comme on en voit de plus en plus l'amorce dans l'implosion programmée de l'Etat à la française, malgré les coups de tocsin d'experts avisés comme Roger Fauroux, à défaut de ceux, plus exigeants, de Nicolas Baverez (même s'il se trompe, tout comme Alain Madelin, lorsqu'il s'oppose à la loi contre les signes ostensibles à l'école).

Prenons un exemple de cette opiniâtreté du camp national-arabiste français, en observant comme l'Irak "un an après" est perçu par certains médias en France, à la différence de leurs confrères anglo-saxons qui n'étaient pas tous favorables à la guerre.

A l'exception de L'Express (du 22 mars 2004) qui dans un intéressant reportage sur la reconstruction du système éducatif irakien, informe, entre autres, que le salaire mensuel d'une institutrice bagdadie est passée de 12 000 dinars -moins de 8 euros, à 328 000 dinars, soit 27 fois plus, tous les autres médias (France Info, Le Monde, Libération, Le Figaro...) ne parlent que de chaos et de fiasco, y compris le Point, son numéro du 25 mars étant le comble de ce qui peut se faire de mieux dans la désinformation systématique à l'heure actuelle.

Ainsi, selon l'auteur, un certain Nicolas Hénin, qui ne voit lui aussi que chaos, désolation et prégnance du "salafisme", il paraîtrait que même "la police, formée et payée par les Américains" serait "favorable à la guérilla"; pour preuve les propos d'un officier de "Fallouja" expliquant à propos des "résistants" et "sous les approbations bruyantes de ses collègues" : " Ce n'est pas un problème pour nous. Ils ne tuent pas des Irakiens, alors que les Américains, eux, tuent des hommes tous les jours" (p.50).

Le "journaliste" du Point conclut son article par cette phrase édifiante : " Ici, comme dans tous les commissariats "sunnites" d'Irak, lorsqu'un officier de police évoque le bilan d'une opération américaine contre la guérilla, il honore les résistants tués du titre de "martyrs" ".

Si l'on comprend bien, tous les policiers irakiens assassinés seraient "chiites", y compris les commissariats kurdes donc, ce qu'il faudrait déjà démontrer (et l'on peut déjà écarter, avec un haussement d'épaules, cette affirmation concernant les Kurdes), sans oublier qu'il s'agit dans ce cas bien moins d'une "résistance" de "musulmans" à "90 % irakiens" contre l'envahisseur étranger, comme le prétend le corps de l'article, qu'un effort de nettoyage politique pour préserver la domination sunnite, ce qui est tout autre chose.

Dans la presse anglosaxonne, un autre son de cloche prévaut. S'agissant du meurtre, quotidien, de policiers irakiens, il serait loisible de penser que le flot de candidats finirait par se tarir, surtout s'il s'agit de supplétifs venant renforcer un pouvoir illégitime.

Or, selon le Herald Tribune (du 24 mars, p.2) il s'avère que la plupart des commissariats détruits par des attentats ont été reconstruits, et que s'agissant de l'ensemble des forces de sécurité irakiennes en voie de reconstitution et s'élevant, à l'heure actuelle, à 200. 000 hommes, les commandants américains reçoivent "six demandes pour chaque poste", y compris pour la police qui comprend 70. 000 éléments. Les commandants ne tarissant pas d'éloges par ailleurs sur leur courage et leur efficacité.

Concernant maintenant l'état général du pays, Times magazine (du 22 mars 2004) explique (p. 32) que le redressement économique commence à s'enraciner. Les augmentations de salaires, issus principalement de la sphère publique contrôlée par la Coalition, sont de plus en plus perceptibles (ce qui confirme le reportage de l'Express plus haut); elles alimentent le commerce et permettent de créer des emplois, donnant même à beaucoup d'Irakiens une sensation de prospérité qu'ils n'ont jamais connu ("giving many Iraqis a feeling of prosperity they had never known").

Dans Newsweek (du 29 mars 2004, p. 38), il est certes fait état de l'insécurité due aux attentats, mais aussi que nombre d'irakiens voient leurs conditions de vie s'améliorer ("The numbers say life is getting better"). Près de 3,5 milliards de dollars sont d'ores et déjà investis dans divers projets d'infrastructure, et 18,5 milliards sont planifiés. Le chômage a baissé de 40 % par rapport à ce qu'il était avant la guerre. Les Irakiens possèdent maintenant 250 000 téléphones portables contre zéro sous Saddam.

Tout va-t-il pour le mieux en Irak dans la presse anglo-saxonne ? Non. Le Herald (du 23 mars 2004, p.3) souligne par exemple que le manque criant de gilets pareballes, de radios, et d'équipements divers, affaiblit les efforts des forces de sécurité irakiennes qui sont composées de jeunes gens impatients de reconstruire leur pays et voulant souvent aller seuls au feu. Pourtant, certains de ces équipements, payés, sont prêts.

Mais le Pentagone refuse de les acheminer en Irak en prétextant le gel du fait des plaintes déposées par les concurrents de la compagnie ayant gagné le contrat (la Nour USA) en stipulant qu'il y aurait eu favoritisme et corruption, (certains officiels démentent), ce qui oblige à l'immobilisation du matériel tant que la Justice n'aura pas donné son feu vert, c'est-à-dire pas avant deux à trois mois. Un responsable militaire américain présent en Irak et sachant l'importance cruciale de ce matériel a alors prononcé cette phrase terrible " la bureaucratie tue " ("Bureaucracy kills") cite le Herald.

On le voit, l'analyse objective de la situation signifie bien entendu la faculté de relater ce qui ne va pas. Nous en sommes bien loin en France. Non pas parce qu'il manque de bons journalistes. Mais bien parce que la plupart partent d'apriori non démontrés qui faussent leur jugement, et ensuite leur perception, y compris donc lorsqu'ils sont pourtant sur le terrain. Nous l'avions vu avant la défaite de Saddam où le moindre ralentissement d'un char américain était perçu comme la preuve d'une résistance acharnée du peuple irakien. Nous le voyons toujours. Malgré le malaise de certains journalistes qui osent dire la vérité, mais se font licencier pour l'avoir fait.

Cet aveuglement est en réalité bien plus profond et soulève la question fondamentale de l'allégeance française à l'arabo-islamisme qui fonctionne soit comme miroir déformant de son propre passé déchu à la différence des anglo-saxons qui aujourd'hui caracolent au faîte de l'Histoire, soit comme repentance d'une colonisation mal vécue.

Il faudrait partir de ces deux facteurs pour commencer à expliquer pourquoi, depuis Bonaparte et son voyage en Egypte, la France persiste-t-elle à voir en l'Orient uniquement l'Arabe au détriment du Perse, du Kurde, du Turc et du Juif; Arabe qu'elle a transporté en Afrique du Nord alors qu'il avait disparu ethniquement depuis longtemps, hormis quelques tribus nomades au centre de l'Algérie et la Smala d'Abdelkader, ce fils de marabout qui dominait par la religion, et fabriquait ainsi de l'"Arabe" au sens " d'Elu", piège redoutable dans lequel les Berbères succombèrent un temps (long) puis s'en détachèrent, comme les Kurdes, les Perses, les Turcs, les Juifs, sont, tous, en train de le faire.

Il ne restera bientôt plus que la France (et les Basques espagnols...) pour ne pas savoir que les Mille et une Nuits, ont des origines indiennes et ont été écrites pour la plupart en Persan...

Ce qui veut dire qu'il est nécessaire de s'attacher d'abord à la beauté de l'oeuvre, et qu'ensuite il ne sert à rien d'en faire un gain qui symboliserait plus que tout l'ethnicité de tel ou tel peuple qui par ailleurs s'en trouverait grandi du fait, seul, de son adhésion à telle ou telle religion. Comme s'il suffisait de retrouver sa pureté supposée pour que, à nouveau, elle constitue l'ingrédient majeur qui fait d'un peuple sinon le moteur, du moins l'un de ceux qui font l'Histoire.

Le national-arabisme vit de cette illusion, avec en soutien les franges archaïques du nationalisme français qui recrute de plus en plus à gauche...

Il est temps de comprendre que l'Irak est le front par lequel sort un pus qui de toute façon et tôt ou tard se serait répandu comme il l'avait fait un certain 11 septembre, un an et demi avant l'intervention en Irak. Si la démocratie réussit à s'implanter, les franges extrémistes palestiniennes n'auront plus que la France comme soutien, puisque entre-temps l'Egypte et la Syrie se seront certainement mis au goût du jour suivant ainsi la Libye.

Il est par ailleurs dommage que la France en s'associant à la condamnation de l'élimination, sur le champ de bataille, (la rue) d'un chef du Hamas responsable de la mort de tant de civils, ne s'aperçoive pas qu'elle encourage ce faisant le totalitarisme arabo-islamiste.

* Membre du Mouvement Néo-Moderne, (http://mouvement.neomoderne.free.fr ), auteur de Ethique et épistémologie du nihilisme, les meurtriers du sens, Le nihilisme français contemporain, fondements et illustrations (l'Harmattan), Les Berbères et le christianisme (Editions Berbères), en préparation, L’histoire paradoxale des Berbères, peuple multimillénaire (Editions Volubilis), Le principe oligomorphe, de l'émancipation à l'affinement (Editions L'harmattan), Derrida, Deleuze, Foucault, Lyotard, théoriciens de la mutilation (titre provisoire, Editions La table Ronde).

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