Communiqués du MNM

Le savetier et le financier

Par Simon Pilczer*


Chacun garde en mémoire l'argument de la fable de La Fontaine : les soucis d'argent, y compris ses excès, peuvent faire perdre le sommeil.
Et ce brave savetier, qui chantait toute la journée, avant que ce maudit financier ne lui échange sa joie de vivre contre son magot, ne retrouvera la tranquillité qu'en le lui restituant, avec ses insomnies.

C'est bien entendu le nom du futur premier ministre espagnol qui inspire cette réflexion.
Il est le nouvel idéaliste, socialiste, altermondialiste, anticapitaliste, qui aimerait échanger ses soucis contre l'abandon des responsabilités politiques que José Maria Aznar avait acceptées d'endosser au nom de la grande Espagne.

Il n'est pas rare que les socialistes, avec leur goût d'une certaine utopie humaniste, d'une vision idéaliste de l'humanité, fassent preuve d'angélisme, de pacifisme, et dans le monde dangereux où nous vivons, cette fuite sous la couette est mauvaise conseillère.

On signe la paix à Munich, et cinq ans plus tard, l'Europe entière est sous le joug, et on invente la " Solution finale " à Auschwitz.
Voilà pour le Sabatero, qui a déjà annoncé le retrait des troupes espagnoles d'Irak avant juin 2004.
Le message est clair : " Démerd... vous, on a bien assez de soucis!".

Avant d'y avoir visité ses troupes, il a déjà enfoui la tête dans le sable : l'autruche est un volatile dont le cuir est souple et très coûteux. C'est aussi un animal particulièrement stupide.

M.Sabatero a aussi annoncé vouloir renouer avec "la vieille Europe", incarnée par la France et l'Allemagne, et se dit " amoureux de la future constitution européenne " dont il prône l'adoption le plus vite possible. Ce genre de déclaration doit nous inciter à la plus grande défiance.
Un référendum pour décider de notre avenir commun en Europe semble plus que jamais indispensable : la relecture du livre de Jean-Claude Milner - Les penchants criminels de l'Europe démocratique - sera à ce stade éclairante.

Qui est le financier dans cette fable ?

Première proposition : Oussama Ben Laden, capable de dicter son vote à un peuple autrefois réputé fier et farouche ?

Trois jours après le 11 mars 2004, un méga-attentat terroriste a eu raison de la démocratie en Espagne. Il paraît que depuis Franco et la guerre civile, les Espagnols ne supportent plus l'idée de "Mourir pour des Idées", et l'anti-américanisme primaire si répandu en Europe, peut de nouveau s'y déployer au grand jour.

Deuxième proposition : Ahmed Qoreï, " Premier Ministre " de l'autorité palestinienne, sans le moindre pouvoir, si ce n'est celui de tendre la sébile à l'Union Européenne, et de récolter sans difficultés l'engagement de recevoir 250 millions d'Euros dans les années à venir, sans pour autant donner de gages de construire la paix, ni de renoncer au terrorisme.

Il aura de quoi alimenter les caisses du corrompu de la Moukata, qui deviendra sous peu le tyran le plus riche de la planète, capable de s'offrir un caveau sur le Mont du Temple, où ses ouailles pourront organiser le quatrième pèlerinage de l'Islam, après la Mecque, Médine, et Genève, où le secret bancaire restera jalousement gardé en dehors de l'Union européenne.

Louis Michel, l'un des généreux donateurs avec l'argent de nos impôts, est le ministre belge des AE qui, lors d'un récent voyage en Israël, a fait mine d'aplanir les difficultés liées aux velléités belges de la " cour de compétence universelle " : il est vrai que les Belges avaient oublié de s'occuper de leurs propres scandales : ils pouvaient péter plus haut que leur Dutroux.

Chris Patten, l'inénarrable commissaire européen aux Affaires Etrangères, va pouvoir continuer de fermer le couvercle de la marmite de la corruption sur l'argent de l'UE distribué sans contrôle à " l'Autorité Palestinienne ".

Troisième proposition : Miguel Ange Moratinos, ex-négociateur de l'Union Européenne pour les affaires du Proche-Orient, et suppôt enthousiaste d'Arafat et de sa clique, est pressenti comme le probable futur ministre des Affaires Etrangères espagnol.
Gageons que la position unilatérale de l'Espagne au Proche-Orient en général, et dans le conflit israélo-arabe en particulier ne pourra qu'empirer.

Après Javier Solana, ministre des " Affaires Etrangères de l'UE ", suffisamment arrogant pour affirmer péremptoirement au soir de l'attentat de Madrid, que seule l'ETA pouvait en être responsable,
Après Ana Palacios, ministre espagnole des Affaires Etrangères, dictant la version officielle du gouvernement espagnol en place, à ses ambassadeurs,

Après les déclarations manifestement inspirées par une vision politique, en dehors de la réalité, de José Maria Aznar,

Comment les Espagnols, en particulier la jeunesse, naturellement portée au pacifisme béat parce que non encore instruite de l'expérience de l'histoire, pouvaient-ils ne pas se sentir trahis ?

Aznar pouvait devenir le Churchill espagnol, en déclarant solennellement à son peuple :

-Nous n'avons pas de certitude quant aux auteurs de cet épouvantable massacre, mais nous mettrons tout en œuvre pour les découvrir, les poursuivre, et les châtier comme ils le méritent,

-Vous connaissez le combat sans merci que j'ai mené, avec de grands succès, contre le terrorisme de l'ETA. Nous ignorons à cette heure si cette organisation est impliquée. Cependant, l'ampleur du carnage, les méthodes utilisées, la non revendication par les instances habituelles de l'ETA, et quelques éléments de preuves nous donnent à penser qu'une piste terroriste islamiste est peut-être à l'œuvre.

-Quelles que soient les idéologies qui se cachent derrière ces actes de barbarie, le peuple espagnol tout entier, blessé dans sa chair, dans son indépendance, dans sa liberté, ne se laissera pas dicter son destin par des fous furieux,

-En tant qu'ancien Premier Ministre, je quitte la scène politique, mais je souhaite que mon pays continue de se placer à la tête des démocraties en Europe : cela implique des responsabilités, aux côtés de ceux qui luttent résolument pour la Liberté dans le monde.

-Si nous n'acceptions pas d'assumer nos responsabilités avec courage et résolution, les esclavagistes d'inspiration fasciste, à l'œuvre dans l'ombre, se chargeraient de nous réduire sous le joug que nos anciens ont connu sous Franco, et que nos ancêtres ont connu dans l'Espagne mauresque puis sous l'inquisition : ce ne seraient pas 200 morts et 1500 blessés que nous aurions à déplorer, mais un nombre incalculable, pendant des décennies, voire des siècles d'oppression.

Mais peut-être qu'Aznar ne pouvait pas tenir un tel discours : l'ETA était un adversaire facile, la peur de l'islamisme fasciste serait déjà paralysante, et son "parti popular ", bien que démocratique, ne pouvait sans doute pas se passer des voix des nostalgiques de Franco.

Au lendemain du  11 septembre 2001, le peuple américain dans toute la vigueur de son unité et de son chagrin, se ressaisissait et décidait calmement de la réplique à infliger à son ennemi mortel, le terrorisme islamiste, nouvel avatar d'un totalitarisme fasciste.

Au lendemain du 11 mars 2004, dans un massacre de masse d'inspiration très comparable, les Espagnols, sur le coup de la peur et de la colère, semblent avoir fait le choix inverse, au grand soulagement de nos munichois patentés, les de Villepin, Boniface, d'Ormesson (voir son papier faussement balancé mais franchement chiraquien dans le Figaro du 16 mars).

Aujourd'hui, on ne peut que prier pour que, quel qu'il soit dans le futur, le président des Etats-Unis garde le cap, et la clairvoyance de nous préserver dans un monde de liberté et de responsabilité.
Que tous ceux qui participent à la coalition dans la lutte contre le terrorisme international restent déterminés et lucides.

Le spectacle de la lâcheté européenne ne conduit guère à l'optimisme.
Le plan " Vigipirate rouge " est en place dans nos gares et aéroports: faisons en sorte qu'il le soit aussi dans nos esprits.

Nous ne nous laisserons pas submerger : Vigilance !

*Auteur et traducteur de plusieurs articles publiés sur les sites de primo-europe.org, de upjf.org, de guysen et de desinfos.com, membre du Mouvement Néo-Moderne.

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