Communiqués du MNM

Intelligence : vers l'implosion de la classe politico-intellectuelle parisienne ?

Par Lucien-Samir Oulahbib*

Que les plus grands pourfendeurs de l'intelligence, les plus implacables destructeurs de la raison et du goût hurlant à la mort de l'homme et de l'oeuvre d'art signent une pétition pour les défendre aurait pu être drôle et au fond bien digne de la feu Galerie des Glaces, s'il ne s'agissait d'une de leurs ruses pour se refaire une virginité, profitant des atermoiements de la grenouille gouvernementale revenant à sa taille normale et même s'en excusant avec quelques mots gentils de l'Editorialiste du Figaro.

Car quelle pitrerie tout de même ! Pensez donc ! Ne voilà-t-il pas des chercheurs, professeurs et autres étudiants s'offusquer que l'Université puisse devenir enfin indépendante pour gagner son propre argent, mais qui en exigent encore et encore, même si les caisses sont vides, et, en plus, commandent, sous peine de lèse majesté, de ne pas se voir évaluer plus qu'il ne faut... Donnez-nous l'argent ! et surtout ne demandez pas des comptes !

On les comprend... Si l'Université en France devenait adulte, elle pourrait concilier efficacité et recherche fondamentale, littérature générale et langues appliquées, ce qui suppose une autre organisation plus regardante sur le travail de chacun, et, surtout, contredirait tous ceux qui hurlent hypocritement à la réduction budgétaire alors qu'ils ont tout fait pour en interdire l'élargissement, même contrôlé par un cahier des charges pour que la continuité du service public s'en trouve respecté.

D'un autre côté, nul ne sait pourquoi le gouvernement n'a pas su expliquer devant l'opinion, à une heure de grande écoute et en présence des Présidents d'Université et de certains chercheurs, ce qu'il en était réellement de la Recherche et les solutions pour y remédier.

A force de vouloir concilier les contraires on prête le flanc à tous ceux qui cherchent à maquiller leur manque de créativité, leur passivité, leur défaut de talent, en lutte pour "l'exception culturelle" alors qu'il ne s'agit que d'un voile affirmant une foi suspecte, celle d'un intérêt d'autant plus dit général qu'il se fait de plus en plus particulier.

Il est tout de même désopilant de voir des acteurs se plaindre que la femme enceinte ne soit guère prise en compte par leur assurance alors qu'un poseur de moquette pour un décor quelconque se voit reconnaître un statut qui est dénié à l'auteur même qui a pensé ce dit décor !

Et la création dans tout cela ? Elle se perd dans le fatras postmoderne et déconstructionniste sommant de considérer tout vomi narcissique pour le sommet, ce qui semble curieux pour ce genre de contorsion...

Au royaume de l'amalgame, l'idéologie du faux se fait vraie et même exige que l'on se prosterne vers l'icône à la mode. Crucifions la liberté, peu importe que dans l'égalité généralisée certains se font plus égaux que d'autres, chut! n'en dites-rien, le bateau coule mais la billetterie reste ouverte, et, sur l'écran, blanc, clignote l'intelligence...

* Auteur de Ethique et épistémologie du nihilisme, (l'Harmattan), Les Berbères et le christianisme (Editions Berbères), membre du Mouvement Néo-Moderne.

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