Communiqués du MNM

Hamas : son aveuglement et un réveil brutal

Par Lucien Samir Arezki Oulahbib*

Le Hamas est en guerre. Contre Israël. Et le reste du monde. En guerre, les chefs risquent aussi d'être tués. Parler d'illégalité ou de légalité à ce stade est tout à fait absurde ou de l'ordre du voeu pieux lorsqu'il s'agit de la mort de responsables prônant le carnage et la destruction.

A moins de spécifier que la mise à mort ne peut avoir lieu que sur un terrain délimité par les Nations Unies, ce qui n'existe pas et ne correspond pas au problème posé: le responsable qui vient d'être tué était la plus haute autorité d'un groupe revendiquant les attentats les plus illégaux qui soient pour le coup : les opérations suicides opérées, en priorité, contre des civils.

L'étonnant dans l'affaire réside moins dans cette mort, légitime, que dans son surgissement tardif. Parce qu'il était évident que les commanditaires des attentats totalitaires contre les civils israéliens agissaient comme s'ils étaient en guerre, mais d'un seul côté ! faisant ainsi en sorte de ne pas en subir les conséquences, appelant alors à témoin contre chaque représaille israélienne, s'en offusquant même, comme s'ils pouvaient meurtrir sans être tués, alors qu'ils se prétendent en guerre !

Décidément, le reproche ne peut être émis à l'encontre de cette réplique israélienne qui a mis plusieurs années à se réaliser.

Néanmoins, il est possible d'émettre une réserve : une telle action aurait été bien plus comprise si elle avait été commise dès l'instant où le Hamas eût revendiqué le premier attentat. Or, qu'a fait Sharon arrivé au pouvoir (grâce au torpillage des accords d'Oslo par Arafat)? Il n'a certainement pas et immédiatement frappé le Hamas mais l'Autorité palestinienne. Celle-ci s'est alors empressée d'aller pleurnicher devant l'opinion mondiale, européenne en particulier, pour expliquer qu'elle n'était pas en mesure de réprimer les djiadistes puisque Israël l'en empêchait, détruisant ses capacités, ce fut l'axe majeur de la propagande, reprise avec succès par tous les médias, français pour l'essentiel.

Tout le monde savait pourtant que cet argument arafatien était fallacieux et continue à le rester d'ailleurs. En effet, Arafat paye grassement 17 services de sécurité qui ont toujours eu les moyens d'empêcher les attentats ; c'est d'ailleurs ce que lui demandait son ancien premier ministre obligé de démissionner parce qu'Arafat ne voulait pas, ne veut pas, que les attentats cessent. Puisqu'il en commandite encore pour signifier sa capacité de nuisance.

Mais comment Israël aurait pu le prouver à l'époque du tout début de la seconde Intifada sinon en frappant les djiadistes en premier lieu ? Arafat aurait certes condamné, (Chirac aussi), en stipulant qu'il était le seul autorisé à faire la police. La tactique d'Israël aurait été alors limpide : il acquiesçait, reconnaissant ainsi que la répression ne pouvait provenir que de l'Autorité, etc.

Mais, dès le second attentat, et comme Arafat, en fait, n'aurait pas bougé, - et comme Israël n'aurait pas, dans ce cas de figure- détruit son infrastructure (comme il le fit en partie ensuite), l'opinion mondiale n'aurait alors évidemment pas compris qu'Arafat ne fasse rien...C'était là la seule possibilité de retourner celle-ci en faveur d'Israël...

Or, il semble bien que certains jusqu'aux boutistes israéliens, par exemple les responsables du meurtre de Rabin (qu'il ne faut jamais oublier), aient profité de cette stratégie d'Arafat pour le détruire en premier, pensant ensuite que lutter contre le Hamas serait plus facile aux yeux de l'opinion mondiale.

C'était sans se douter qu'entre-temps la multiplication des "11" et autres boucheries allaient rendre couarde une opinion mondiale qui, il ne faut pas l'oublier non plus, s'est couchée devant Hitler et aujourd'hui considère avec une pointe inavouée de racisme que tout le mal vient des USA en général de Bush-Sharon en particulier, voyant dans le national-arabiste une pauvre victime n'ayant plus que sa religion comme bouée.

Dans ce contexte, cette élimination ne peut qu'alimenter ces néo-racistes voyant de plus en plus dans Israël la cause de tous les maux, prêts à simplifier une situation dont les responsables sont à chercher en premier lieu parmi les dirigeants arabes qui ont toujours refusé de reconnaître Israël.

Mais maintenant le vin est tiré... Suggérons dans ce cas seulement ceci: Qu'Israël souligne à grands traits que le Hamas est en guerre, parce que l'opinion mondiale ne le sait pas puisqu'elle n'est plus qu'un enfant abruti par les contes de fées des médias aux ordres.

Il faut aussi qu'Israël dévoile son plan de paix, révise sa communication, démontre que la guerre aujourd'hui ne se situe plus front contre front entre Etats reconnus.

Voilà ce qu'il s'agirait de dire, en attendant que des dirigeants palestiniens responsables puissent enfin accéder aux affaires, la responsabilité signifiant qu'une paix se signe à deux avec des concessions réciproques autour de trois points :

-l'abandon de l'idée de retour palestinien,

-l'ouverture des colonies à des non Juifs (et non pas leur destruction, inutile),

-le fait que Jérusalem soit déclarée ville ouverte et non pas Capitale des deux parties.

* Membre du Mouvement Néo-Moderne, (http://mouvement.neomoderne.free.fr ), auteur de Ethique et épistémologie du nihilisme, les meurtriers du sens, Le nihilisme français contemporain, fondements et illustrations (l'Harmattan), Les Berbères et le christianisme (Editions Berbères), en préparation, L’histoire paradoxale des Berbères, peuple multimillénaire (Editions Volubilis), Le principe oligomorphe, de l'émancipation à l'affinement (Editions L'harmattan), Derrida, Deleuze, Foucault, Lyotard, théoriciens de la mutilation (titre provisoire, Editions La table Ronde).

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