Communiqués du MNM

Pourquoi la droite a perdu et les conséquences néfastes de la victoire socialiste

Par Lucien Oulahbib*

La défaite de la droite française exprime une chose forte : la réforme de l’Etat censée dégager des moyens financiers et humains pour les déplacer là où ils seraient réellement utiles a tardé à venir parce que l’on s’y est pris de la plus mauvaise manière : en braquant négativement les acteurs concernés au lieu de les inviter à participer à la réorientation d’ensemble.

Nous n'avons eu de cesse de le dénoncer au MNM. Nous attendions par exemple que Luc ferry, accompagné de tous les présidents d'Université, vienne à la TV expliquer en quoi ils étaient, tous, d'accord pour la réforme, ce que Ferry n'a jamais fait s'enfermant dans un solo médiatique qui a aujourd'hui les résultats que l'on sait. Idem pour Fillon.

Qu’il s’agisse en effet des retraites, de l’éducation secondaire, des universités et de la recherche, le pouvoir en place a préféré supprimer, écarter, restreindre, non renouveler, plutôt que d’expliquer en long et en large qu’il n’est pas possible de demander plus d’argent et, en même temps, refuser qu’il vienne aussi directement du privé, -(l’argent public étant cependant aussi de l’argent privé).

Ce qui implique à la fois des alliances et des cahiers des charges respectueux, dans le même mouvement, de la notion de service public, et de la nécessité d’orienter le plus vite possible de l’argent dispensé inutilement dans des secteurs qui n’en n’ont guère besoin, comme les grosses structures agricoles, les grandes entreprises de secteurs économiquement dépassés par la mondialisation, et certains ministères.

Il faut bien entendu établir des paliers et bien envisager en amont des efforts de reconversion et donc de formation, surtout pour les fonctionnaires réorientés vers l’aménagement social du territoire, la justice, la formation.

L’argent ainsi réorienté aurait pu, par exemple, aller vers une recherche qui accepte en même temps une évaluation. Et les entreprises qui décideraient de consacrer plus de capitaux dans la recherche-développement en partenariat avec l’Université se verraient moins taxées, tout en faisant en sorte qu’une recherche fondamentale garde toute sa place et même se développe.

Mais, en France, il semble bien que les apriori non démontrés aient la vie dure, et que chacun s’arc-boute sur des présupposés idéologiques implicites basés sur l’exclusion de ce qui ne correspond pas à sa vision prétendument objective du réel.

La droite chute par son mépris, la gauche se prépare à accroître encore plus les déficits en taxant plus lourdement une économie déjà exsangue hormis certains groupes protégés par les marchés publics et quelques petites et moyennes entreprises profitant de la sous traitance et du boum actuel des nouvelles technologies.

Mais cette mini reprise est fragile et risque de basculer dans les affrontements à venir lorsque la gauche arrivera au pouvoir dans trois ans augmentant les impôts, cassant alors la reprise, cassant également, et encore plus, toute idée de réforme d'un service plus du tout public mais uniquement inféodé à une caste d'intérêts corporatistes, symbole de l'Etat bureaucratiquement dégénéré qu'est devenue, que devient de plus en plus la France, renforçant dans ce cas l'extrême droite qui veut faire croire qu'elle est le seul recours face à l'effondrement alors que celle-ci ne fait qu'alimenter la gabegie et l'abandon nihiliste comme il a été vu dans les villes dont elle avait la charge.

Il est temps de se ressaisir, de se regrouper pour réaliser les réformes indispensables en montrant au peuple qu'il y va de son intérêt s'il veut sauver, d'une part, l'idée de solidarité donc de service public au lieu de l'enfoncer dans le clientélisme comme l'ont réalisé la gauche, la droite, et l'extrême droite, s'il veut, d'autre part, penser la société techno-urbaine et ses effets pervers conjuguant hyper-individualisme et repli communautariste.

La gauche comme la droite ont échoué à en penser la complexité, à nous, au Mouvement Néo-Moderne, d'en relever le défi.

* Auteur de Ethique et épistémologie du nihilisme, les meurtriers du sens, Le nihilisme français contemporain, fondements et illustrations (l'Harmattan), Les Berbères et le christianisme (Editions Berbères), en préparation, L’histoire paradoxale des Berbères, peuple multimillénaire (Editions Volubilis), Le principe oligomophe, de l'émancipation à l'affinement (Editions L'harmattan), Derrida, Deleuze, Foucault, Lyotard, théoriciens de la mutilation (titre provisoire, Editions La table Ronde), membre du Mouvement Néo-Moderne.

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