Et si l'Amérique demandait pardon ?

Le Pape l'a bien fait. Pour les crimes dont l'Eglise a été supposée complice. Cela couperait l'herbe sous les pieds à tous ceux dont les propos incendiaires (par exemple Noam Chomsky dans "11/9") alimentent l'alliance objective entre les courants ultra de l'altermondialisme et l'islamisme radical. Oubliant allègrement que les millions et les millions de victimes du joug communiste n'ont pas encore reçus compensation.

Et en Afrique du Nord ? Au Maroc ? En Algérie ? En Tunisie ? Est-ce là aussi la faute de l'Amérique ? Au Rwanda ? Mais peu importe pour certains, ce qui s'est passé depuis 50 ans en Iran, en Indonésie, au Vietnam, au Nicaragua, au Liban, toute la guerre secrète, la guerre froide, le soutien américain aux dictatures du Golfe, à Israël etc, tout cela compte mille fois plus, par un dénombrement ignoble, que les 200 à 250 millions de victimes communistes.

Donc, dans cette "guerre d'idées" dont parle Thomas Friedman, et au moment même où les dirigeants américains toutes tendances confondues se demandent comment "regagner les coeurs", il serait grandiose que les USA organisent par exemple un vaste colloque dans lequel seraient également invités ceux-là mêmes qui les traitent de "terroristes par excellence".

De cette vaste confrontation effectuée en direct devant les médias du monde entier et sur un canal spécial, pourraient surgir quelques vérités qui ne seraient pas nécessairement au désavantage des américains... Et ceux-ci demanderaient pardon...de n'avoir été que des humains maniant de surcroît une stratégie toujours soutenue en France par exemple, celle de la Realpolitik, celle qui soutient Poutine, les généraux algériens, et qui ne voulait pas que le principe de précaution s'applique sur Saddam Hussein...

Ils demanderaient pardon en expliquant aussi la cause de leurs erreurs et ce serait très constructif parce que cela montrerait de réelles difficultés, de bonnes questions mais avec les mauvaises réponses, et cela toucherait sûrement tous les peuples du monde qui pourraient dans ce cas se demander pourquoi leurs dirigeants n'en feraient pas autant, et tous leurs complices, comme tous ces gens qui, indirectement, peut-être, ont soutenu, pendant des décennies, qu'il n'y avait pas de camps de travail, de camps de la mort, dans les pays communistes, et que la faim dans le monde est uniquement causée par le "néolibéralisme" comme il est aisé de s'en apercevoir en... Corée du Nord ! grand pays capitaliste comme tout le monde le sait...lorsque dans certains pays dits "progressistes" la population a juste de quoi survivre, par peur que bien nourrie elle ne se révolte...

Et que dire de la faim spirituelle qui hante les rues de la Havane et de Tunis, celles de Téhéran et de Jénine alors qu'aucun autre caméraman que palestinien n'a le droit d'accéder ou que les images qui en sortent en sont dûment filtrées ? Doit-on également accuser Israël ? Et, avec, les Américains ?

Que W. Bush, Colin Powell, clôturent ce vaste débat mondial en demandant pardon, en soulignant leurs erreurs, en en traçant le contexte, en les expliquant, en tendant alors la main à toutes et à tous, ce qui aurait un immense retentissement.

Il y aurait, bien sûr, les obstinés qui considèrent qu'un soutien américain peu scrupuleux est bien plus grave que le trafic d'organes sur les prisonniers en Chine, la misère programmée de millions de personnes dans les pays "progressistes", la mise sous tutelle de millions de gens, les femmes en particulier, le bourrage des urnes en Algérie et ailleurs.

Mais il faudra oublier ces supplétifs et se remémorer principalement ce geste formidable, inouï, ce symbole fort d'une société réellement ouverte.

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